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Contributions individuelles

Comment l’idée du travail est venue à ceux qui l’imposent aux autres

Questionner le travail #2

L’être humain peut-il se passer de travail ? Le travail est-il dans sa nature ? A-t-il toujours existé ? Pourquoi travaille-t-on ? Pour qui travaille-t-on ?

La morale du travail est une morale d’esclave,
et le monde moderne n’a nul besoin de l’esclavage.

Bertrand Russel, Éloge de l’oisiveté (1932)

Cet article s’intéresse à l’évolution de la représentation du travail : comment il a pu «passer du dernier rang, de la situation la plus méprisée, à la place d’honneur, et devenir la mieux considérée des activités humaines»[1].
Pas grand-chose ici sur la grande histoire, rien sur les controverses philosophiques, rien sur l’étymologie du mot. Et surtout, aucune variation sur son caractère prétendument polysémique. Focalisons-nous sur l’activité contraignante effectuée en contrepartie d’une rémunération ou d’une commodité quelconque. La tentation est forte, à gauche, de vouloir faire dire autre chose au travail, de le « réhabiliter » en affirmant après Marx que la notion a été dévoyée par les capitalistes et que toute activité productive ou reproductive devrait être qualifiée comme tel, avec pour drôle d’effet de revendiquer parfois l’extension du domaine du salaire tout en militant pour l’abolition du salariat et la fin de «l’aliénation au travail». Va comprendre. Cette vision positive du travail entretient une ambiguïté finalement très utile à ceux qui entendent exercer leur domination sur les autres, car même si la perception que nous en avons a bien évolué au fil du temps, le travail reste et restera toujours l’instrument du pouvoir.

Une définition adaptée au monde contemporain

Depuis environ deux cents ans, le travail n’a qu’un seul but : rapporter de l’argent.

Ce n’est pas vraiment de ton salaire qu’il est question ici, de l’argent que tu « gagnes » en travaillant, mais plutôt de celui qui tombe dans la poche de ton employeur grâce au fait, justement, que tu travailles pour lui.

Revenons sur l’ambiguïté sémantique : le mot travail ne résume pas l’ensemble des activités humaines. Tu peux dépenser ta propre énergie sans pour autant travailler. Quand tu repeins ta chambre, quand tu entraînes bénévolement le club de foot du quartier, quand tu milites au sein d’une association, tu ne travailles pas puisque tu ne produis pas de valeur au sens économique du terme (à comprendre comme richesse abstraite convertible en argent). En tout cas, pas directement[2].

La spécificité de l’ « économie de marché », comme disent les grands fauves des plateaux télé, est de ne s’intéresser à la production des biens et des services qu’en tant que supports de valeur, et dans l’unique objectif de valoriser celle-ci. Si quelqu’un a de l’argent, investit et met les autres au boulot, c’est dans le but essentiel d’obtenir plus d’argent à la fin de la manœuvre.

Mettons le principe en situation.
Francis a démissionné de l’entreprise de prothèses auditives où il végétait comme VRP depuis cinq ans, pour se lancer dans une affaire de vente de tee-shirts floqués sur internet. L’aventure n’est pas allée bien loin car la concurrence saturait l’espace : Francis avait mal évalué la situation et foiré son business-plan. Avec l’aide d’un complice féru de nouvelles technologies, il a ensuite imaginé une application pour smartphone destinée à concrétiser des textos en vraies cartes postales, que des vacanciers pourraient adresser à leur famille d’un simple clic. Ça n’a pas marché non plus, peut-être à cause d’un manque d’agressivité dans la campagne publicitaire. Déprime passagère… Mais les vrais battants trouvent toujours en eux la force de rebondir. Francis s’est finalement fait embaucher par un cousin comme attaché commercial dans son entreprise de traitement de surface, en attendant de devenir coach en développement personnel grâce aux conférences qu’il suit sur YouTube.

Comme on peut le voir, la motivation de Francis n’est pas franchement liée aux marchandises concrètement produites. Francis ne répond à aucun besoin dûment exprimé par ses contemporains, il s’aventure sur des terrains plus ou moins inexplorés afin de gagner de l’argent, quitte à gaspiller des ressources, son énergie ainsi que celle des gens qu’il entraîne avec lui. La concrétisation du travail (fabrication de prothèses, traitement du textile, codage informatique, dépôt de revêtements chimiques, encadrement psychologique) est secondaire : dans le monde capitaliste, le travail est devenu une abstraction.

Notons que si ce Francis-là n’existe pas réellement, le monde fourmille de self-made-Francis, de Francis diplômés d’écoles de commerce et de Francis de père en fils (beaucoup plus rarement de mère en fille : entreprendre reste globalement une mission masculine). Francis est devenu LA référence en « auto-entreprenariat » et en « mobilité tout au long de la vie » vers laquelle notre belle jeunesse est censée se projeter.

On trouvera toujours des métiers / professions / emplois qui, échappant a priori à la production des biens et services, semblent rester à l’écart de cette définition du travail. Mais la logique n’est pas binaire, et n’oppose pas de façon évidente le secteur public au secteur privé.
Prenons l’enseignement public, par exemple. Même s’il ne produit pas de valeur à proprement parler, il est à bien des égards une pièce maîtresse dans la perpétuation du travail et l’intériorisation de son évidence, parce que le système scolaire contribue efficacement au dressage des enfants comme futurs travailleurs. Le débat n’est d’ailleurs jamais clos, à l’université, concernant l’intérêt de conserver des « formations » qui ne trouveront pas de « débouchés » dans le « monde du travail ». On peut lire à la même enseigne le remplacement relativement récent de la « pédagogie de la connaissance » par la « pédagogie de la compétence »[3].

Nuançons donc la définition : selon la sphère d’activité, la balance du travail penchera plutôt vers la production abstraite de valeur ou l’étanchement d’une nécessité sociale. Mais l’inexorable extension du capitalisme et de ses marqueurs performatifs à tout l’espace vital, marchandisation du moindre interstice jusqu’aux domaines du sensible et du soin interpersonnel, ajoute toujours plus de poids du côté de la production de valeur, même si le terrain est de moins en moins fertile.

Cela dit, le travail, ça n’a pas toujours été ça. L’être humain n’a pas toujours travaillé pour « valoriser la valeur ».
Les études anthropologiques permettent même d’avancer que l’être humain n’a pas toujours travaillé – tout court.

L’invention du travail

Si l’expression « subvenir à ses besoins » ne devient superposable au verbe « travailler » qu’à partir du moment où une société ne permet plus à ses membres d’assumer leur condition de façon autonome, imposant parallèlement l’argent comme médiateur des échanges, on postulera que Sapiens a pu vivre l’essentiel de sa longue existence (deux ou trois cents mille ans) bien à l’abri de la forme-travail.

Sans même parler d’argent, le travail ne peut en effet se concevoir que dans une société individuée et dans le cadre d’un rapport de domination. Il s’agit d’une activité engagée ou soumise au profit d’autrui. Une particularité du travail est son caractère obligatoire dans un contexte de reproduction, voire d’amélioration des conditions d’existence. Autrement dit : dans une société où le travail existe, ne travaillent que celles et ceux à qui la société ne laisse pas le choix. Les autres s’occupent.

Le travail a pu s’imposer en tant que système avec le développement des premiers États autour de l’agriculture céréalière, il y a peut-être 6000 ans. La forme-État caractérise une société sédentaire, hiérarchisée, qui sait conserver et stocker les biens, qui développe une bureaucratie à cette fin (les premières écritures sont des écritures comptables), qui lève l’impôt pour bâtir des murailles, entretenir l’armée, assurer le prestige et la richesse de l’élite, en échange d’une « protection » à géométrie variable. L’anthropologue James C. Scott explique à quel point la culture céréalière, indissociable de l’épanouissement des États archaïques, est bien adaptée au prélèvement de l’impôt. Il explique aussi que la forme-État n’a conquis l’ensemble de la planète que très récemment au regard du temps long de l’Histoire. « Un observateur extraterrestre aurait remarqué que la population mondiale, vraisemblablement au moins jusqu’en 1600, est restée constituée en son immense majorité par des peuples sans État : chasseurs-cueilleurs, collecteurs de produits de la mer, horticulteurs, agriculteurs itinérants, pasteurs et un grand nombre de cultivateurs qui échappaient largement au contrôle administratif et fiscal d’un quelconque État »[4].

En 1600, la population mondiale comptait moins de 600 millions d’individus. La plupart n’auraient certainement pas envisagé leur existence au prisme du travail tel que nous l’entendons aujourd’hui. Il ne s’agit pas de prétendre que l’humanité se tournait jusque-là les pouces dans la joie et la bonne humeur, mais de dire que les organisations sociales échappant à la forme-État n’ont pas d’intérêt à dissocier structurellement ce qui, pour un observateur contemporain, relèverait du travail ou du non-travail, c’est-à-dire du jeu, de l’éducation, du soin, de la création, de la fête, du rite, etc. : la production est alors intégrée au contexte de vie au même titre que les autres activités. Enfin, on sait depuis les travaux de Marshall Sahlins[5] que l’activité « travail » (toujours estimée comme telle selon la perception de l’observateur contemporain qui tente d’établir un parallèle avec des choses qu’il connaît) n’occupait traditionnellement que très peu de place dans l’emploi du temps du chasseur-cueilleur, au regard des durées (plus ou moins) légales de travail en vigueur aujourd’hui.

Du mal nécessaire à la constante anthropologique

Au cœur de la forme-État, le travail fut longtemps considéré comme un mal nécessaire.
On le réservait aux condamnés, aux esclaves – prisonniers de guerre asservis, peuplades colonisées, « barbares » victimes de razzias pour être vendus sur les marchés –, plus tard aux serfs, aux vilains. Cela concernait beaucoup de monde, mais pas tout le monde. En échange des corvées, le dominant t’accordait la vie sauve, l’asile, des rations alimentaires (de quoi « reproduire la force de travail », dirait Marx), la possibilité d’exploiter une bande de terre à ton profit et parfois, pourquoi pas, quelques pièces.

Les philosophes de l’Antiquité considéraient les travaux de force à ce point avilissants qu’ils devaient rester à distance de l’homme de qualité dont l’existence s’épanouissait dans la délibération politique, la contemplation et le divertissement. Si le travail déqualifie l’être humain, les personnes qui en ont la charge ne seront plus considérées comme des êtres humains mais comme des « instruments » : c’est ainsi qu’Aristote envisageait l’esclavage.

Il faut dire que l’exploitation manuelle de la terre est particulièrement pénible, une véritable punition. C’est d’ailleurs en ces termes que le travail est décrit dans la Genèse, dont la rédaction fut évidemment bien postérieure à l’apparition des premiers États. Les Saintes écritures racontent qu’Adam, pour avoir croqué la pomme, a été condamné à suer sang et eau sur la terre d’où il est sorti. Une façon d’inciter les paysans à continuer de bêcher en baissant la tête, sachant que la rédemption est peut-être au bout du sillon. Les réformateurs du christianisme Martin Luther et Jean Calvin (XVIe) poussèrent le concept un peu plus loin en exaltant le labeur, la discipline, la frugalité, l’épargne et la réussite individuelle censée en découler, comme responsabilité vis-à-vis des autres et de Dieu. Au delà du mal nécessaire réservé à une humanité déclassée, le travail était devenu un devoir s’appliquant à tous les hommes.

L’ « éthique protestante du travail »[6] de Luther et Calvin marqua profondément la philosophie des Lumières, qu’on associe à l’émancipation de l’individu contre l’obscurantisme, l’abrutissement religieux et la monarchie, mais qu’il convient aussi de rapprocher de l’accomplissement du capitalisme. Entre le XVIIe et le XVIIIe, des penseurs européens développèrent et fortifièrent un cadre conceptuel destiné à embrasser la totalité de l’expérience humaine, en estompant progressivement les représentations et références idéologiques en vigueur jusqu’à l’époque dite moderne. On réaffirma avec les philosophes de l’Antiquité le caractère rationnel de l’homme (« la femme », elle, échappait à la raison, comme on peut le lire dans l’Encyclopédie[7]), on le décréta calculateur et mû par ses propres intérêts, bientôt « maître et possesseur de la nature » (Descartes), on lui attribua des « droits naturels », on théorisa des contrats sociaux pour les faire respecter (Hobbes, Locke, Rousseau), le « progrès », notion peu usitée jusque-là, s’inscrivit dans le fil historique en tant que « mouvement en avant de la civilisation vers un état de plus en plus florissant » (Mirabeau), les sciences s’appliquèrent[8], l’État-nation s’imposa comme forme d’organisation sociale ultime, et la division du travail comme un critère fondamental de la richesse des nations (Smith).

Robert Kurz explique que « la philosophie des Lumières projetait […] sur tout le passé et sur tout l’avenir les catégories modernes qui s’étaient constituées récemment et qu’elle avait elle-même légitimées. On ne pouvait plus poser qu’une seule question : à quoi ressemblaient le “travail”, la “nation”, la “politique”, la “valeur”, le “marché”, le “droit”, le “sujet”, etc., chez les anciens Égyptiens, les Celtes ou les Chrétiens du Moyen Âge ? Ou à l’inverse : à quoi ressembleront ces mêmes catégories dans l’avenir et en quoi seront-elles modifiées ? »[9].
Il n’aura échappé à personne que notre rapport au monde se construit toujours autour de ces catégories. Elles nous formatent à ce point qu’on a beaucoup de mal, deux ou trois cents ans après qu’elles se sont universellement imposées, à envisager l’évolution du monde au-delà de leur charpente, tant on les estime consubstantielles à la « civilisation », voire à l’essence même de l’être humain. Cela peut conduire à d’étranges torsions intellectuelles. L’Histoire montre par exemple qu’on peut vomir les philosophes des Lumières au motif qu’ils seraient responsables de la décadence de notre société – une constante à l’extrême droite –, et simultanément se pâmer devant la devise « Travail, Famille, Patrie », trois notions qu’ils ont pourtant largement contribué à conceptualiser et promouvoir…

Voilà comment un boulevard s’est ouvert pour que le travail devienne, au-delà du mal nécessaire, au-delà du devoir, une évidence naturelle, autrement dit une constante anthropologique.

À partir du XIXe, le mode de production capitaliste métabolisa l’ensemble des sociétés. L’opération ne fut pas linéaire, ni symétrique, des parties du globe nécessitant parfois de vigoureuses mesures d’ajustement, d’autres restant dans une espèce de jachère politique pour mieux faciliter l’exploitation de leurs ressources par les occidentaux. Les hommes et les femmes s’agglutinant progressivement en ville furent éloignées de tout moyen direct de subsistance. On extirpa l’activité productrice du contexte domestique pour le déplacer vers l’usine ou le bureau. Le travail devint ce magma abstrait qui brûle l’ « énergie humaine socialement indifférenciée »[10] dans le seul but de produire de la valeur. Si l’argent mesure cette valeur, le temps, lui, calcule désormais la quantité de travail fourni. Jusqu’à l’époque moderne, cette quantité de travail était plutôt définie par la tâche à accomplir. La perspective s’est inversée avec la métronomie du « temps de travail » et un contrôle toujours plus important exercé sur le travailleur : il n’est plus payé à l’aune d’une réalisation concrète mais doit pointer tous les matins et rester à son poste pendant une durée prédéfinie qui, de nos jours, peut être totalement décorrélée des besoins réels de production.

À l’ère du capitalisme généralisé, le travail est devenu pure abstraction, comme un bouquet de fleurs est une abstraction. L’important n’est pas tant la nature concrète des fleurs, leur couleur, leur forme ou leur odeur, l’important est d’offrir ce bouquet de fleurs comme geste d’une attention particulière. De même, dans le travail productif, l’important n’est pas la nature concrète du bien fabriqué ni le service rendu, l’important est la production de valeur, c’est-à-dire de toujours plus d’argent. La vénération de la « croissance » relève de cette abstraction. L’appel au « sauvetage de l’économie » relève de cette abstraction. Les mesures « en faveur de l’emploi » relèvent de cette abstraction. Francis y est très sensible.

Cette ultime mutation du travail n’est pas l’œuvre machiavélique de quelques illuminati encagoulés, elle s’est réalisée cahin-caha avec la participation objective et parfois zélée des classes laborieuses et de leurs représentants, comme le député Ledru-Rollin qui, à l’occasion des travaux de l’assemblée constituante de 1848, plaida en faveur du « droit au travail » quand la population parisienne crevait de faim. Et de leurs philosophes : 1848, c’est aussi l’année de la publication du Manifeste du parti communiste, où Marx et Engels posèrent le principe de la lutte des classes en opposant le prolétaire au bourgeois, c’est à dire le (bon) travail au (mauvais) capital. Une mythologie de gauche s’installa autour de la figure sacrificielle sinon héroïque de l’ouvrier, sans attendre le mineur Stakhanov et les images édifiantes du réalisme socialiste soviétique. Pendant ce temps, en face, on étendait l’évidence du travail à toute la sphère sociale. L’historien Gérard Noiriel évoque les propos d’un certain Michel Chevalier, futur conseiller de Napoléon III et « grand apôtre du libéralisme économique », qui « monta au créneau en 1848, pour réfuter notamment le sens que les socialistes donnaient au mot travailleur. “Je dis travailleurs au lieu d’ouvriers, pour parler la langue du jour. À mes yeux cependant, je tiens à le faire remarquer, un chef d’industrie est un travailleur au même titre que l’homme qui se livre au travail manuel de l’atelier; le savant et l’artiste sont aussi des travailleurs, le magistrat sur son siège ou dans son cabinet, le ministre d’un culte dans sa chaire, sont des travailleurs aussi bien que l’homme de peine” »[11]. Les grands rentiers eux-mêmes ont fini par intérioriser la notion et mimer les gestes du travail. De nos jours, Arnaud Lagardère et François-Henri Pinault, fils de premiers de cordée bien connus, considèrent sans doute qu’ils travaillent énormément. Ils sont pris dans la nasse d’un « toujours plus » qui les pousse à brûler leur énergie, la cravate au vent. Peu de risques néanmoins qu’ils se retrouvent à la rue si leurs affaires venaient à se casser la gueule. Concernant les personnes qu’ils emploient, c’est autre chose.

Déconstruire ce qui est construit

Si les luttes sociales patinent en se focalisant sur les modalités du travail sans jamais remettre son principe en question, c’est en particulier parce que nous intériorisons depuis le plus jeune âge l’évidence du travail comme expression de la « nature humaine ». Il serait temps d’envisager les choses sous un autre angle. Le travail n’est pas une vocation humaine mais une construction sociale coercitive. Il a permis la prospérité de la forme-État, puis celle du capitalisme en devenant une catégorie abstraite, universelle et rationalisée. On peut donc critiquer son principe et même envisager son abolition, car tout ce qui est construit peut certainement se déconstruire…

Merci à Mélanie et Marion
Image : “Juvenile convicts at work in the fields” (extrait), 1903 – Detroit photographic co.

Questionner le travail #1 : Le travail, à l’intersection de toutes nos colères

Questionner le travail #3 : Centralité et disparition du travail

[1] Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne – 1958.

[2] Si nous travaillons nous avons besoin, pour entretenir notre force de travail (revenir jour après jour au taf sans péter les plombs, garder la forme et le moral, sourire aux collègues en toutes circonstances…), de certaines occupations annexes qui contribuent à notre équilibre personnel. Dans ce cas, les activités citées en exemple participent bien à la création de valeur, mais de façon indirecte et diffuse. Par contre, on exclura de cette liste les obligations qui, historiquement assignées aux femmes, révèlent la face cachée du travail productif. La « part » des femmes dans le cycle de valorisation fera l’objet d’un prochain chapitre.

[3] Étude de cas : le 18 juin 2020, le ministère de l’enseignement supérieur diffuse une note de cadrage préparant la transformation du Diplôme Universitaire de Technologie (DUT) en Bachelor Universitaire de Technologie (BUT), prévu pour être opérationnel dès septembre 2021. Dans ce document de 27 pages, le mot « savoir » apparaît une fois (dans l’expression « savoirs agir complexes »). Le mot « connaissance », 14 fois. Le mot « compétence », 111 fois.

[4] James C. Scott, Homo domesticus, une histoire profonde des premiers États, La Découverte – 2019.

[5] Anthropologue, auteur de Âge de pierre, âge d’abondance, Gallimard, – 1976.

[6] L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme est le titre d’un ouvrage de l’économiste et sociologue Max Weber (1905).

[7] « Distingués par des inégalités, les deux sexes ont des avantages presque égaux. La nature a mis d’un côté la force & la majesté, le courage & la raison ; de l’autre, les grâces & la beauté, la finesse & le sentiment » (dans l’article Femme, Morale de M. Desmahis).

[8] Les « sciences appliquées », qui deviendront un enjeu majeur au XIXe, sont intimement liées à l’essor de tout ce que nous associons au mot « technologie », autre pilier du capitalisme.

[9] Robert Kurz, La rupture ontologique, in Jaggernaut #2, Crise et critique – 2020.

[10] Robert Kurz, La substance du capital, L’Échappée – 2019.

[11] Gérard Noiriel, Une histoire populaire de la France, Agone – 2018.

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