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Contributions individuelles

Les gros boulets

Dans la série « vacances apprenantes oh oui j’en veux », notre chaîne est heureuse de vous présenter ce petit exposé à destination des plus jeunes, sur les éléments de langage présidentiel.

Lundi 13 avril, 20h02. Marseillaise, mes chers compatriotes.

Le président de la République retient ses larmes (moi aussi) en promettant au pays la réouverture des établissements scolaires avant juin, car le confinement est trop facteur d’inégalités pour les quartiers populaires. Précisément : «à partir du 11 mai, nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées. C’est pour moi une priorité car la situation actuelle creuse des inégalités. Trop d’enfants, notamment dans les quartiers populaires et dans nos campagnes, sont privés d’école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents. Dans cette période, les inégalités de logement, les inégalités entre familles sont encore plus marquées. C’est pourquoi nos enfants doivent pouvoir retrouver le chemin des classes.»

Coup de génie : faire croire que tu organises ça pour les gosses, alors que tu organises ça pour les patrons de leurs parents. En renvoyant les petits à l’école, tu «libères» les aînés qui sont mécaniquement remis à disposition des employeurs.

Les représentants du Medef n’ont d’ailleurs pas tardé à vanter l’intervention d̶e̶ ̶l̶e̶u̶r̶ ̶p̶o̶r̶t̶e̶-̶p̶a̶r̶o̶l̶e̶ du président, qui a prévenu : «le 11 mai, il s’agira aussi de permettre au plus grand nombre de retourner travailler, redémarrer notre industrie, nos commerces et nos services.»

Problème : « en même temps » que tu renvoies les mômes à l’école et leurs parents au boulot, tu peines à convaincre de ta sincère motivation à préserver la santé des gens (même si tu accompagnes le discours de tous les gestes barrières d’usage). Surtout ceux des quartiers populaires, premiers concernés par les deux aspects du discours.

Et les personnels des établissements scolaires, dans tout ça ? La routine. Les profs ont montré leur soumission systémique – il n’y a qu’à voir la ferveur autour de cette grosse blague de « continuité pédagogique ». Et puis, si besoin, Blanquer sortira le fouet, comme d’habitude. Pas besoin que tous les mômes retournent à l’école, a-t-il d’ailleurs prévenu. En fait, les entreprises dicteront à leurs employé-e-s la conduite à suivre. Qui peut rester à la maison en chômage partiel, qui doit revenir bosser en envoyant les gosses e̶n̶ ̶g̶a̶r̶d̶e̶r̶i̶e̶ à l’école.

Macron toujours : «les lieux rassemblant du public, restaurants, cafés et hôtels, cinémas, théâtres, salles de spectacles et musées, resteront en revanche fermés». Les lieux rassemblant du public resteront fermés. Contrairement aux écoles qui, elles, ne rassemblent pas du public : elles rassemblent des enfants, ces gros boulets qui retardent la reprise des affaires.

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